vendredi 27 juillet 2012

Le lapin dans l'art : La Vierge au lapin - Titien



La Vierge et l’Enfant avec Sainte Catherine dit « la Vierge au lapin »,
Vecellio Tiziano (dit « Titien »), 1530
Huile sur toile. 71 x 87 cm
Musée du Louvre, Paris
Style : période de la Renaissance classique.

Texte de sur Lab'Oratoire

La composition du tableau est construite selon une grande diagonale qui traverse le tableau d’en bas à gauche jusqu’en haut à droite. Cela crée une asymétrie, un déséquilibre dynamique qui accentuent le symbolisme de la scène.
Les couleurs qui scandent la composition se fondent en harmonie quasi musicale dans la lumière du couchant. Les différentes teintes de bleu relient les plans entre eux : du bleu intense du ciel au bleu sombre du manteau de la Vierge en passant par les lointains bleutés des montagnes et le bleu clair de l’écharpe de Sainte Catherine.
Les couleurs résonnent entre elles : le rouge de la robe de la Vierge encadré par le bleu sombre de son manteau et le blanc de la robe de Sainte Catherine et du linge dans lequel est drapé le Christ. Mais ce fort contraste des couleurs est tout en harmonie de tons.
Titien sait admirablement rendre l’atmosphère maritime des environs de Venise : la brume marine baigne les couleurs et en estompe les contours, un peu à la manière du sfumato de Léonard de Vinci.

Quand on montrait ce tableau à un Vénitien du 16e siècle, en voyant une jeune femme avec un enfant, il disait tout de suite :
- « C’est la Vierge Marie et l’Enfant ».
Et la femme élégante à côté :
- « C’est sainte Catherine d’Alexandrie ». On la reconnaît car elle est à genoux sur la roue de son supplice.
Il s’écriait aussi :
- « Dans le panier qui se trouve à ses pieds, on reconnaît tout de suite une pomme, symbole du péché originel et une grappe de raisins noirs, symbole du vin rouge, symbole lui-même du sang versé par le Christ pour le pardon du péché originel ».
- « Le fraisier qui pousse près du pied de Marie est caractéristique des plantes du Paradis terrestre.
- « Le berger représente évidemment le monde antique qui est désormais surpassé par la chrétienté ».
- « Le lapin blanc est symbole de la virginité de Marie »
C’est une scène chrétienne !
On nous dit qu’un lapin blanc signifie la pureté de Marie, alors que s’il y en avait plusieurs, ils suggéreraient la luxure. Mais les explications – fort pertinentes – rapportent que l’analyse aux rayons X a montré que le Titien avec justement d’abord peint plusieurs lapins qui entouraient la Vierge !
Il est bien possible que pour échapper aux critiques toujours menaçantes de l’Inquisition, Le Titien ait placé là, plus ou moins consciemment, ces quelques symboles christianisant à bon compte une scène, somme toute tout à fait profane. Ou bien que nous donnions bien facilement un sens religieux aux fruits d’un pique-nique.
Mais ce qui me paraît intéressant et davantage révélateur de la religion dominante alors dans la ville de Venise, est l’idée du Titien de représenter effectivement la Vierge et l’Enfant au cœur de la nature, en plein champ et non dans le cadre ecclésial d’une « adoration » des mages, des bergers ou des donateurs du tableau.
Une scène baignée dans l’atmosphère paisible d’une nature heureuse : l’enfant Jésus intéressé par un lapin blanc, des fruits que l’on va manger, un berger caressant gentiment son mouton et un soleil couchant illuminant le paysage et les montagnes, voilà qui fait penser, par delà deux siècles, à la religion naturelle d’un Jean-Jacques Rousseau.
Il me semble que la spiritualité émanant de ce si beau tableau est celle de l’harmonie de la nature, de l’humanité, de la paix de ces femmes avec leur enfant le lapin et le berger, dans la douceur et la lumière du ciel illuminé par le soleil couchant plutôt que le message dramatique du sang du Christ effaçant le péché originel pour retrouver les fraisiers du Paradis perdu.
Il est vrai que Venise avait la réputation, à cette époque, de s’épanouir dans un humanisme heureux et de vivre son catholicisme de manière libérale, bien loin des dogmes et des traditions d’un Vatican lointain.
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Je trouve également intéressante la remarque de ce monsieur :

Christian Dubreuil dit :
il y a d’ailleurs un deuxième lapin blanc qui quitte la scène à la droite du tableau. La luxure prend la tangente…

 

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